Benoît MBIYA a décroché son diplôme de pédiatre en Belgique. Pendant toutes ses études, il a gardé intacte sa volonté de revenir à Mbujimayi, sa ville natale, pour y exercer. Avec l’aide de la Fondation Roi Baudouin et à force de ténacité, il a créé la Clinique pédiatrique de la deuxième ville de RD Congo, derrière Kinshasa.
Après ses études de médecine à l’Université de Mbujimayi, complétée par trois ans en pédiatrie, Benoît MBIYA décroche une bourse Erasmus ACP en 2011 : il étudiera pendant un an la médecine transfusionnelle à l’Université de Liège. « Cette spécialisation m’est apparue d’autant plus évidente qu’au Congo, de nombreuses transfusions sont réalisées chez les jeunes enfants atteints de maladies infectieuses », explique-t-il. Dix Congolais bénéficient de cette bourse cette année-là. Seul Benoît MBIYA retournera au pays.
Pendant cette première année ‘belge’, l’étudiant ne se laisse pas détourner de son objectif : l’exercice de la pédiatrie au Congo. Il envoie des mails tous azimuts et sensibilise les pédiatres belges à la réalité de Mbujimayi, ancienne province de cinq millions d’habitants comptant deux pédiatres seulement. « À cause du déclin des activités de la société minière de Bakwanga (la Miba), la situation économique et la pauvreté se sont fortement aggravées », commente Benoît MBIYA. « La Miba jouait aussi un rôle social important à travers les deux hôpitaux qu’elle avait pris en charge et qui employaient chacun l’un des deux pédiatres de la ville. La vie dans le coin est devenue de plus en plus dure. Résultat : un des deux pédiatres est parti s’installer au Botswana, et l’autre a pris sa retraite ». Au Congo, l’absence de système de sécurité sociale et le dénuement de la population rendent les soins de santé inaccessibles à la majorité des citoyens. Les médecins bénéficient d’une prime de risque allouée par l’État, mais celle-ci est trop maigre pour pouvoir boucler les fins de mois. Nombre d’entre eux quittent dès lors le Congo à la moindre opportunité.
À force de ténacité, Benoît MBIYA décroche une nouvelle bourse et finalise sa spécialisation en pédiatrie, à l’UCLouvain cette fois. « J’ai décroché mon diplôme en 2015. Parallèlement, j’ai suivi une formation auprès de la Fondation ‘Return To Care’, qui encadre les jeunes Africains désireux de finaliser des projets dans leur pays ».
Pendant ce temps, la situation des hôpitaux de Mbujimayi se détériore. Le matériel se dégrade, les médecins s’en vont, le vieux pédiatre est prié de reprendre du service face à l’afflux de jeunes malades. Benoît MBIYA rentre au pays, les mains pleines : l’université lui offre cinq couveuses et quinze ordinateurs ; la ‘Chaîne de l’Espoir Belgique’, un appareil enregistrant les signes vitaux ; l’entreprise Sysmex, un automate d’hématologie.
La clinique fait autorité dans tout le pays
Reste à trouver un lieu pour abriter la clinique. Les prix sont élevés et le pédiatre ne dispose que de 1.000 euros. Il décide de louer un bâtiment délabré, inoccupé depuis des années et constitué de deux pièces. L’université de Mbujimayi lui avance la garantie locative. Il chaule les murs et peint sur la façade, en grosses lettres rouges : Clinique Pédiatrique de Mbujimayi. « J’ai envoyé les photos de la Clinique à la Fondation Roi Baudouin, avec une lettre expliquant le développement du projet. Elle m’a accordé plusieurs aides financières : pour réhabiliter les deux pièces et annexer le bâtiment voisin, acquérir une série d’appareils pour la néonatologie et payer la formation d’une personne pour manier ces instruments ».
Mais la Fondation ne pouvait soutenir dans la durée un projet conçu dans un bâtiment en location. En septembre 2018, elle accorde un prêt de 80.000 euros à l’ASBL Clinique Pédiatrique de Mbujimayi pour acheter un bâtiment plus grand et pour que la clinique devienne propriétaire de ses murs. « J’ai établi mes quartiers dans un nouveau lieu qui dispose de 20 lits, occupés en permanence ». L’hôpital ne cesse de grandir, notamment grâce à d’autres donateurs qui lui offrent couveuse, tables d’opération, tables d’accouchement et lits pour bébés. « Aujourd’hui, la clinique attire des instituts de formation et les demandes de stage sont de plus en plus nombreuses », se réjouit le pédiatre.
Le Docteur MBIYA a mis en place un programme de prise en charge de la drépanocytose sans frais pour les patients atteints, une maladie génétique fortement répandue dans le monde et qui touche de plein fouet les populations africaines, déjà très démunies. Les enfants qui en sont atteints doivent en moyenne annuelle être hospitalisés quatre fois, reçoivent deux transfusions, présentent quatre épisodes des crises douloureuses et des fièvres. « Depuis cinq ans, la clinique prend en charge les consultations, examens en laboratoire et coûts des médicaments de 450 enfants ». Si la vie reste difficile, le pédiatre a toutefois pu réaliser son rêve : être utile à la société dont il est issu. Et la population lui a offert son plus beau cadeau : la confiance qu’elle lui porte.
À ce jour, la clinique devient un centre tournant des soins de qualité et de l’enseignement.
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